18 avril 2024
Internet et TIC Opinions

Cameroun : scandales et l’influence des réseaux sociaux. Le régime à l’épreuve.

Quand le gouvernement ne maitrise plus les trajectoires de l’information

«Halte à la désinformation» C’est le titre qui barre la Une du quotidien gouvernemental du 16 Mars 2016 au sujet du énième scandale survenu dans un hôpital public. Encore à Douala. En effet, une dame a éventré dans l’enceinte de l’hôpital devant une maternité une autre femme visiblement décédée et enceinte pour en extraire les foetus -les jumeaux- qu’elle pensait encore vivants. L’image vidéo et photos prises par les smartphones des curieux ont pris le canal des réseaux sociaux si bien que les partages sur les murs, dans les groupes ou d’amis en amis se sont faits à la vitesse grand V. On note tout de même que chaque partage, est accompagné de bout de commentaires et que à la suite du partage des commentaires de vos contacts et amis s’ajoutent et ceux-ci repartagent aussi ces informations composés de commentaires, de vidéos ou d’images.

L’un des plus grand réseau social a plus d’un million de comptes au Cameroun, dont les 1/3 sont connectés au jour le jour, ceci équivaut à environ 300 000 comptes actifs qui ont plus ou moins reçus ces images. Sur ce nombre, on suppose que vu l’émotion que peut déclencher ces images, les 2.5/3 d’abonnés au réseau Facebook auraient repartagé ces images à leur tour. Et les partages d’images ou de photos auraient continué après vous. On rappelle que lorsque vous postez un message (texte, photo ou vidéo) vous n’êtes plus maitre de ce post. Parce que derrière vous, vos contacts s’approprient le message et se le repartage auprès de leurs amis et contacts et les amis de leurs amis aussi. (pour certains comptes bien configurés). Mais ce qui dérange à vrai dire c’est quand la scène se passe vers 12 heures -heure du Cameroun-, et qu’un ami vous appelle depuis toronto (Canada), -il est 06 heures du matin là-bas- pour vous demander ce qui ne va pas au pays. Parce qu’il voit des images insoutenables circuler sur les réseaux sociaux ou dans les applications OTT concernant le drame en question, et là vous comprenez que la vitesse avec laquelle  cette information circule et se relaye sur les réseaux sociaux mérite que tout le monde s’y mette pour défendre et éclairer les positions des différentes parties engagées dans le drame.

Le Ministre de tutelle entre en scène 24 heures après le drame en publiant une note d’information dans les médias traditionnelles. Seulement, à la fin du communiqué, le site web du Ministère est faux. Ce site web ne fonctionne pas au moment où le Ministre rend public son communiqué.
Nous sommes à l’heure du numérique.  Le deuxième site web de ce ministère n’a pas la trace de communiqué. Ni dans la version anglaise, ni dans la version française. Deux liens sont disponibles (http//www.minsante.gov.cm) et (www.minsante.cm) pour ce département ministériel.

Koumatekel

Aucune défense n’a été prise sur les réseaux sociaux pour le compte du Ministère de la Santé Publique. Effectivement, devant les images d’une rare violence partagées en boucle dans les réseaux sociaux, personne mais alors personne pour défendre la note d’information du Ministre de la Santé Publique. Le fait est simple. Le Ministère ou le Ministre n’est abonné à aucun réseau social. Si oui, des internautes ont publié son communiqué. Ces entités n’utilisent pas ce canal pour communiquer. – Il -le Ministère n’a jamais communiqué par ce canal qui compte déjà parmi les sources d’information du moment; même de ceux qui vivent hors du Cameroun y compris ceux qui ne sont pas Camerounais. Un artiste Camerounais de renom n’a pas caché son amertume face à ces images en s’indignant à la fin de son post en ces mots: devant un hôpital??? avec à la clé plus de 1 000 partages et plus de 42 000 followers.

Le politique dira que c’est rien parce qu’il a la décision, mais à voir de près c’est faux. Désormais, il faut compter avec. C’est ainsi que cette note d’information ministériel a été « démontée », « cassée », « malmenée » et personne pour défendre le Ministre et son Ministère. Or, il aurait fallu pour eux d’être présent sur ces nouveaux médias pour apporter la balance. Ce qui reste dans la conscience collective via les réseaux sociaux est que:
– Une dame enceinte, est arrivée dans un hôpital public et qu’on ne lui pas prodiguée des soins adéquats et qu’elle décède suite à une négligence médicale relative à l’absence de prise en charge.
– …c’est possible parce que une dame du corps médical, Médecin de surcroit a été arrachée à la vie suite à une négligence du corps médical dans un hôpital public
– Un ministre a menti dans sa note d’information en prenant position sans attendre la fin de l’enquête
– Une dame accompagnée a ouvert le ventre de sa soeur pour en extraire les bébés déjà morts.
– la Dame est décédée parce qu’elle est pauvre et démuni
– pour le premier hôpital atteint avant le deuxième, il aurait fallu qu’on délivre aux membres de la famille un document attestant le décès de la Dame.
–  les autorités ont menti en disant qu’elle n’a jamais fait de visites prénatales. Mais comment elle a donc fait pour savoir qu’elle était enceinte des jumeaux?
– … si elle a pratiqué une chirurgie artisanale devant la maternité -aux portes closes- d’un hôpital public c’est montrer
le désarroi de la « chirurgienne d’occasion » face à la non assistance du personnel médical
– … pourquoi dans le quotidien gouvernemental, on a pas aussi interviewé les proches de la défunte pourtant dans le
journalisme pour certains cas, il faut donner la parole à toutes les parties et le lecteur peut se faire son opinion à lui.
-… Pourquoi aucun appel a témoin n’a été fait pour retrouver le taxi qui les a déposé dans l’enceinte du deuxième hôpital

Tout peut être pensé face à cette absence des autorités dans les médias sociaux. Et puis c’est ce qui reste dans la mémoire collective des abonnés des médias sociaux.

Gilles TOUNSI

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