17 avril 2024
Opinions

Coronavirus : le confinement reste un luxe pour les africains

Plusieurs facteurs liĂ©s Ă  l’Indice de DĂ©veloppement Humain ne permettent de se confiner en ce temps de crise sanitaire.

Le BĂ©nin par la voix de son PrĂ©sident Patrice Talon a Ă©voquĂ© le fait du niveau du pouvoir d’achat de sa population ne lui permettait pas d’imposer un confinement total dĂ» Ă  la pandĂ©mie du Covid-19. Selon lui, la majoritĂ© des bĂ©ninois « n’a pas les moyens » de supporter un confinement gĂ©nĂ©ral de longue durĂ©e. « Contrairement aux citoyens des pays dĂ©veloppĂ©s d’AmĂ©rique, d’Europe et d’Asie, la grande majoritĂ© des BĂ©ninois ont un revenu non salarial. Combien de personnes au BĂ©nin ont un salaire mensuel et qui peuvent attendre deux, trois ou quatre semaines mĂȘme sans travailler et vivre des revenus du mois ? [
] Comment peut-on, dans un tel contexte oĂč la plupart de nos concitoyens donnent la popote avec les revenus de la veille, dĂ©crĂ©ter sans prĂ©avis, un confinement gĂ©nĂ©ral de longue durĂ©e ? » (Jeune Afrique, 09 Avril 2020). Ces propos reflĂštent exactement la situation de plusieurs Etats africains oĂč le niveau de vie caractĂ©risĂ© par des indicateurs tels que le PIB – Produit IntĂ©rieur Brut- par habitant, l’accĂšs Ă  l’Ă©ducation et l’espĂ©rance de vie Ă  la naissance qui implique l’accĂšs au soins de santĂ©.

Leonard, Master de GĂ©ographie – Coiffeur . Photo: Vincent Fournier/JA

Si l’on s’en tient au seuil de 1 dollar US par personne et par jour, on constate que les ressources alimentaires sont faibles. En plus, nous avons une population en Afrique Sub-Saharienne (ASS) qui vit essentiellement de l’informel qui se dĂ©finit comme « un ensemble d’unitĂ©s produisant des biens et des services en vue principalement de crĂ©er des emplois et des revenus pour les personnes concernĂ©es. Ces unitĂ©s, ayant un faible niveau d’organisation, opĂšrent Ă  petite Ă©chelle et de maniĂšre spĂ©cifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les relations de travail, lorsqu’elles existent, sont surtout fondĂ©es sur l’emploi occasionnel, les relations de parentĂ© ou les relations personnelles et sociales plutĂŽt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme » (BIT, 1993). Ce secteur est dit informel parce qu’il Ă©chappe Ă  toute lĂ©gislation en vigueur fiscal et juridique censĂ© l’encadrer. Il y a aussi le fait qu’il n’existe pas une comptabilitĂ© lĂ©galement tenue, les salariĂ©s non assurĂ© Ă  la sĂ©curitĂ© sociale. Cependant, le secteur informel couvre l’Ă©conomie des secteurs primaire, secondaire et tertiaire. Il regroupe les petites activitĂ©s et entreprises rĂ©munĂ©ratrices, souvent individuelles ou familiales comprenant les marchands ambulants, les marchands sur Ă©talages, les artisans, les cultivateurs, les employĂ©s de maison, les techniciens ambulants -cordonniers, coupeurs d’ongles, les chauffeurs-taxis, colleurs de seaux percĂ©s, rĂ©parateurs de rĂ©chauds Ă  pĂ©troles- et tout autre mĂ©tier ou taches dont la lĂ©gislation n’arrive pas tracer. La plupart de ces mĂ©tiers souvent appris dans le tas est le seul moyen pour la majoritĂ© de gagner leur vies. L’argent transitant de personnes Ă  personnes Ă©chappe au fisc. On vit au jour le jour. Le chef de famille laisse une ration alimentaire journaliĂšre avant d’aller au boulot. Cette ration provient de ce qu’il a gagnĂ© la veille. Tout est serrĂ©. Tout se joue dans un mouchoir de poche. Les Ă©pargnes sont limitĂ©es et fragiles. Il suffit d’un deuil d’un proche pour vous souffler toutes ses Ă©conomies. Les Etats n’ayant pas assez soutenue la sĂ©curitĂ© sociale. L’Agence française de dĂ©veloppement a relevĂ© en 2006, aprĂšs enquĂȘte sur le terrain, que 90 % des personnes actives exercent dans l’informel au Cameroun.

Vendeur-ambulant-de-cannes-a-sucre-Yaounde.
Vendeur ambulant de canne Ă  sucre au quartier Tongolo Ă  Yaounde. 2019

VoilĂ  donc dans quelle situation la pandĂ©mie du Covid trouve les africains principalement ceux de l’ASS. Il est Ă©vident qu’un confinement total serait difficile Ă  supporter pour les populations qui devront choisir entre le virus de la famine et celui du Covid-19. En d’autres termes, devra-t-on choisir entre ĂȘtre malade et mourir du Covid ou avoir sĂ©vĂšrement faim comme on en a jamais eu de sa vie. Il faut donc apporter des mesures d’accompagnement que les Etats africains doivent proposer Ă  leur populations pour que ce confinement s’il faut qu’il soit respectĂ©. Le virus Ă©tant mortel bien qu’on peut guĂ©rir tout seul, tout est mortel (Dr Etoa, Canal2International 2020): les poignets, les tables, les glaces des smartphones; le virus s’accrochent sur tout et reste actif pendant des heures voire des jours sur des matiĂšres de diffĂ©rentes natures.

Lire: Durée de survie du virus sur les matiÚres

Le confinement total ne peut ĂȘtre supportĂ© que par ceux qui peuvent remplir les frigos et faire des rĂ©serves de nourriture pour plusieurs jours. Ceux qui ont un pouvoir d’achat haut. Vivre de l’informel et faire quinze jours Ă  la maison c’est mission impossible. Les mesures d’accompagnement ont Ă©tĂ© proposĂ©es par quelques chefs d’Etat de l’ASS pour supporter le confinement total ou partiel en vue d’Ă©viter la progression du virus.

2 Comments

  • Mbarga Patrick 17 avril 2020

    Je pense qu’on devra notifier que les mesures prises par l’État ne sont que d’ordre logique et de voie effective, dĂ»ment au respect des droits de l’homme et des normes de la santĂ© publique.La seule attente conditionnelle vis Ă  vis de la population indexĂ©e est celle d’une rigueur attentive quant au respect de l’application de l’ordre publique. la circulation des biens et des personnes doit rĂ©pondre au jour le jour d’une contribution citoyenne et Ă©thique de tous. Des ajustements conventionnels n’ont fait que prendre cours depuis les rĂ©actions institutionnelles sur la base d’une entremise ponctuelle des moindres transactions usuelles. La participation physique de tout un chacun devra suivre les procĂ©dures depuis leur Ă©nonciation mĂ©diatique. La certitude de tout avancement restructurateur n’est alors que gain de cause.

  • Mbarga Patrick 17 avril 2020

    Je pense qu’on devra notifier que les mesures prises par l’État ne sont que d’ordre logique et de voie effective, dĂ»ment au respect des droits de l’homme et des normes de la santĂ© publique.La seule attente conditionnelle vis Ă  vis de la population indexĂ©e est celle d’une rigueur attentive quant au respect de l’application de l’ordre publique. la circulation des biens et des personnes doit rĂ©pondre au jour le jour d’une contribution citoyenne et Ă©thique de tous. Des ajustements conventionnels n’ont fait que prendre cours depuis les rĂ©actions institutionnelles sur la base d’une entremise ponctuelle des moindres transactions usuelles. La participation physique de tout un chacun devra suivre les procĂ©dures depuis leur Ă©nonciation mĂ©diatique. La certitude de tout avancement restructurateur n’est alors gain de cause.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Certifications

You cannot copy content of this page / Veuillez saisir ce que vous souhaitez copier.

error: Content is protected !!