18 avril 2024
Focus Group
Opinions

L’influence des traditions dans les techniques de recherche.

La recherche par la mĂ©thode qualitative possĂšde des fonctionnalitĂ©s diffĂ©rente de la recherche quantitative. Parmi l’une d’elle, il y a les focus-group ou les groupes de discussion. Dans un vol au dĂ©part de Moroni Ă  destination d’Addis Ababa via Dar es Salaam (ET 864 H); nous faisons la connaissance d’un homme. Nous allons l’appeler Damien, expert en projet de santĂ© publique dans le septentrion au Cameroun. Le septentrion est cette partie du Cameroun qui couvre trois rĂ©gions : l’Adamaoua, le Nord et l’ExtrĂȘme-Nord

Nous Ă©changions sur nos mĂ©tiers respectifs quand il a abordĂ© quelques difficultĂ©s qu’il rencontre dans son travail. En effet, dans cette partie du Cameroun, le poids culturel a un impact sur les comportements sociaux. Notre ami nous fait remarquer que les entretiens groupĂ©s ne donnent pas les rĂ©sultats escomptĂ©s. Ainsi, si vous n’avez pas une dextĂ©ritĂ© dans la collecte, certaines informations vont vous Ă©chapper.

D’abord, il y a une hiĂ©rarchisation sociale qui est le premier facteur de blocages. L’aval des chefs de cantons ou des chefferies traditionnelles est indispensable pour organiser des entretiens. Cependant, le fait d’avoir toutes les autorisations administratives et/ou acadĂ©miques nĂ©cessaires pour collecter vos donnĂ©es ne vous exempt pas de l’aval des gardiens de la tradition.

Il Ă©tait difficile pour notre ami de rĂ©unir les femmes uniquement sans l’accord du chefs de cantons et de leurs maris. Par ailleurs, les jeunes filles se rĂ©fĂ©rent Ă  leurs parents pour ĂȘtre autorisĂ©es Ă  participer Ă  la rĂ©union. Il a fallu convoquer pour cette rĂ©union de groupe toutes les femmes. Ensuite, entretenir avec elles sur les objectifs recherchĂ©s par cette activitĂ© avant de les faire revenir sur l’entretien proprement dit. L’activitĂ© tournait autour de la vie dans le mĂ©nage, des revenus, de la prise en charge de la femme et des enfants en cas de maladie, des visites prĂ©natales, l’alimentation et la mortalitĂ© infantile et les vaccins.

Ce jour-lĂ , chaque femme est venue avec son conjoint ou son beau-frĂšre. Notre ami Damien Ă©voque plusieurs biais qui n’ont pas favorisĂ© le bon dĂ©roulement des entretiens. Parce que pour rĂ©pondre Ă  certaines questions liĂ©es au mĂ©nage, certaines femmes « regardaient » le mari avant de donner une rĂ©ponse. D’autre part, avant les entretiens, les femmes se sont rangĂ©es d’un cotĂ© de la cour et les hommes de l’autre. La sĂ©paration Ă©taient Ă©vidente. On lui a rĂ©pondu que selon la tradition, les femmes ne s’asseyent pas avec les hommes. Et que ce cas faisait l’exception au regard des objectifs visĂ©s par la rĂ©union.

Pour trouver une solution Ă  ces blocages, il eut fallu prendre aprĂšs la rĂ©union de groupe, les femmes par petits groupes pour avoir certaines rĂ©ponses. Ensuite, les intĂ©grer dans le contenu consacrĂ© Ă  la rĂ©ponse des femmes lors de la rĂ©union de groupe. C’était en quelque sorte comme un «stand-up-meeting», un type de rĂ©union appelĂ© aussi «regroupement Ă©clair». Les participants sont debout. Les Ă©changes sont basĂ©s uniquement sur les rĂ©ponses manquantes figurant dans le guide d’entretien du focus-group.

Illustration Focus Group

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