29 mars 2024
digital
Opinions

L’Afrique a du mal à gérer ses données personnelles.

Les africains peuvent-il un jour gérer leurs informations personnelles?

Les informations générées par les africains sont-elle gérées par eux-mêmes?
Le Sénégal va accueillir les 4 et 5 Juillet 2019, une rencontre sur le thème « souveraineté numérique et protection des données personnelles », ce qui suscite la curiosité des spécialistes des bases de données, des gestionnaires de bases de données, des éditeurs de logiciel de gestion de données massives et bien entendu les décideurs dans les administrations publiques.

Dans un contexte où l’Afrique consomme presque tout, y compris même l’information qu’elle même produit à travers sa population, les services mises en place par les multinationales collectent des données en masse sur les individus. Il s’agit ici de l’abonnement à un service ou bien la création d’un compte bancaire par exemple. La carte nationale d’identité est la pièce maitresse qui permet l’identification d’un individu de façon liminaire. L’objectif ici est de montrer que toutes ses informations collectées sur les africains le sont à cause d’un déficit technologique observé. Pour faire simple, au Cameroun par exemple, le service d’acquisition des données, de conception et de délivrance de la Carte Nationale d’Identité (CNI) est assuré par les logiciels de création occidentale. En un mot, le prestataire qui s’est vu octroyer le marché par l’Etat, vient de l’étranger plus précisément de l’Europe. Les données que ce logiciel va gérer même si ce dernier est administré par les camerounais, le prestataire peut à tout moment voir tout ce que vous avez déjà stocké dans ce gros système d’information qui va de l’acquisition des données jusqu’à la production de la pièce.

Cette même pièce nous servira par exemple à se faire identifier lors de l’achat d’une carte SIM pour être rattaché à un réseau GSM et ses services. Imaginons déjà les données avec lesquelles nous allons constituer notre base de données. Nous avons les données de la Carte Nationale d’Identité. Nous associons le ou les numéros de téléphones que nous venons d’acquérir chez l’opérateur. Il faut aussi cette même carte pour vous abonner au service de la télévision si l’opérateur GSM n’en propose pas.
Cet individu voudrait aussi ouvrir un compte bancaire, la pièce maitresse qui va composer le dossier d’ouverture de compte y compris le plan de localisation de son domicile est sa carte nationale d’identité. A notre base de données imaginaire, nous avons la donnée Banque avec le nom de la banque, le numéro du compte de l’individu, son plan de domicile, sa ville de résidence. On en reste d’abord là. On va rester dans le basique de la collecte de données. Ces données sont collectées par services différents qui ont des systèmes d’information différents. Le seul point commun qui n’en est pas le moindre c’est que aucun de ces systèmes d’information n’est conçu par les africains pourtant toutes leurs informations s’y trouvent stockées. C’est nous qui validons par exemple l’entrée d’un opérateur GSM à venir ouvrir ses services sur nos territoires. Mais ils viennent avec leurs infrastructures, leurs logiciels pour gérer les données que l’activité va générer. Le prestataire qui va produire les CNI de l’acquisition, jusqu’à la production en passant par la sécurité vient avec son infrastructure logicielle. Si Microsoft peut vous donner les statistiques d’utilisation de ses logiciels à travers le monde avec une précision plus ou moins exacte, combien de fois de simples logiciels de données de gestion de l’information peuvent fournir de l’information sur vous et constituer tout une base de renseignement sur toute la population d’un pays. N’oublions pas que notre individu pris pour simulation peut aussi avoir besoin d’un passeport.
Regardons de près de quoi sera fait notre base de données.

Notre individu va s’appeler Maguy Simon, une femme. Les informations collectées ça et là par les différents systèmes d’informations sont classées comme suit:

Carte nationale d’identité: Numéro de la carte (identifiant unique) qui nous servira de clé primaire ou de clé étrangère, (Nom, Prénom, NomDuPere, NomDelaMere, DateNaissance, LieuDeNaissance, Sexe, Profession, Adresse, Validite, AutoritedeDelivrance, PosteDidentification)

Operateur GSM: NumeroTelephone, NumeroCNI, Services Souscrits, IMEI, JournaldActvite

Banque: Nom de la Banque, Numero Compte Bancaire, Numéro CNI, Si possible Solde du compte, Statut Professionnel (Travailleur Prive, Public ou Independant), Plan de localisation, Nom, Prenom, Date de naissance, carteBleue, etc….

Permis de conduire….

Maintenant le service de sécurisation de l’Etat Civil aura les actes de naissance stockés dans sa base. A un moment, ce service peut demander au service de carte nationale d’identité toute sa base pour d’autres fins. Il les suffira de les croiser avec les leurs pour rechercher d’autres renseignements sur les individus.
Poursuivons, Maguy possède un compte sur deux réseaux sociaux: Facebook et Twitter ouverts avec son numéro de téléphone ou non. La boucle va être bouclée lorsque cette dernière va renseigner ses gouts, ses hobbies, ses loisirs, ses passions dans ses réseaux sociaux. Dans les services cités ci-dessus, on ne sait pas ce que tu aimes manger par exemple. Mais pour l’opérateur GSM, on peut interpréter votre journal de connexion à Internet mobile sur votre smartphone, pour voir vos heures de connexion. Si vous êtes en ligne de lundi à vendredi entre minuit et cinq heures du matin, on va déduire que vous aimez surfer dans la nuit et ainsi de suite avec d’autres services auxquels vous avez souscrit. En croisant toutes ses données on peut constituer déjà des informations essentielles sur vous.
Si toutes ses données sont mises ensemble dans une même base, on aura qu’à taper le numéro de carte nationale d’identité pour avoir toutes les informations sur la nommée Maguy Simon.

Voici quelques informations que nous aurons sur Maguy
– Sa carte d’identité (format Image tel que délivrée par l’autorité)
– Son numéro de téléphone
– Sa ville de résidence
– Sa marque de téléphone
– Sa banque (le nom de sa banque)
– Son Abonnement
– Son permis de conduire
– La marque de sa voiture
– Son acte de naissance
– L’identifiant Facebook ou Twitter ou les deux
– Ses goûts, passions, hobbies

Ils ont tout de nous. Mais, nous n’avons rien d’eux en termes d’informations stratégiques. Comment l’Afrique peut-elle gérer sa souveraineté numérique? Si elle en a une. Ceci est plus grave quand le siège de l’Union africaine est construit par des non africains: des chinois. Au point où les informaticiens de l’UA ont constaté que les contenus des serveurs de l’Union Africaine étaient transférés à Shanghai. Est-ce que le siège d’une Institution comme l’Union Africaine peut dépasser tout un continent à construire?

Notre exemple Maguy a un compte email chez Gmail qu’elle a activé avec son numéro de téléphone et ses habitudes de connexion et navigation sont enregistrées aussi chez Google. Tenez! le maillage tient bon. Beaucoup de choses seront dites à Dakar lors de la rencontre sur la « souveraineté numérique et protection des données personnelles. J’ai hâte d’y prendre part

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