Opinions

L’influence des traditions dans les techniques de recherche.

Photo d'illustration - (c) GWP - Global Water Partnership

La recherche par la méthode qualitative possède des fonctionnalités différente de la recherche quantitative. Parmi l’une d’elle, il y a les focus-group ou les groupes de discussion. Dans un vol au départ de Moroni à destination d’Addis Ababa via Dar es Salaam (ET 864 H); nous faisons la connaissance d’un homme. Nous allons l’appeler Damien, expert en projet de santé publique dans le septentrion au Cameroun. Le septentrion est cette partie du Cameroun qui couvre trois régions : l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord

Nous échangions sur nos métiers respectifs quand il a abordé quelques difficultés qu’il rencontre dans son travail. En effet, dans cette partie du Cameroun, le poids culturel a un impact sur les comportements sociaux. Notre ami nous fait remarquer que les entretiens groupés ne donnent pas les résultats escomptés. Ainsi, si vous n’avez pas une dextérité dans la collecte, certaines informations vont vous échapper.

D’abord, il y a une hiérarchisation sociale qui est le premier facteur de blocages. L’aval des chefs de cantons ou des chefferies traditionnelles est indispensable pour organiser des entretiens. Cependant, le fait d’avoir toutes les autorisations administratives et/ou académiques nécessaires pour collecter vos données ne vous exempt pas de l’aval des gardiens de la tradition.

Il était difficile pour notre ami de réunir les femmes uniquement sans l’accord du chefs de cantons et de leurs maris. Par ailleurs, les jeunes filles se référent à leurs parents pour être autorisées à participer à la réunion. Il a fallu convoquer pour cette réunion de groupe toutes les femmes. Ensuite, entretenir avec elles sur les objectifs recherchés par cette activité avant de les faire revenir sur l’entretien proprement dit. L’activité tournait autour de la vie dans le ménage, des revenus, de la prise en charge de la femme et des enfants en cas de maladie, des visites prénatales, l’alimentation et la mortalité infantile et les vaccins.

Ce jour-là, chaque femme est venue avec son conjoint ou son beau-frère. Notre ami Damien évoque plusieurs biais qui n’ont pas favorisé le bon déroulement des entretiens. Parce que pour répondre à certaines questions liées au ménage, certaines femmes « regardaient » le mari avant de donner une réponse. D’autre part, avant les entretiens, les femmes se sont rangées d’un coté de la cour et les hommes de l’autre. La séparation étaient évidente. On lui a répondu que selon la tradition, les femmes ne s’asseyent pas avec les hommes. Et que ce cas faisait l’exception au regard des objectifs visés par la réunion.

Pour trouver une solution à ces blocages, il eut fallu prendre après la réunion de groupe, les femmes par petits groupes pour avoir certaines réponses. Ensuite, les intégrer dans le contenu consacré à la réponse des femmes lors de la réunion de groupe. C’était en quelque sorte comme un «stand-up-meeting», un type de réunion appelé aussi «regroupement éclair». Les participants sont debout. Les échanges sont basés uniquement sur les réponses manquantes figurant dans le guide d’entretien du focus-group.

Illustration Focus Group
Quitter la version mobile